A tort et à raison, de Ronald Hartwood

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Ronald Harwood,  scénariste des films Le Pianiste de Roman Polanski et Le Scaphandre et le Papillon de Julian Schnabel, s’attaque dans « A tort et à raison » à l’histoire du célèbre chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler, dont on sait qu’il a permis à de nombreux juifs de quitter l’Allemagne mais dont on connaît également l’encombrante photo de sa poignée de main avec Hitler. La pièce met en scène l’affrontement du chef préféré de Hitler, interprété avec brio par un Jean-Pol Dubois hiératique, avec un officier américain chargé de la dénazification, l’excellent Francis Lombrail dans un rôle tout en gouaille et en rouerie.
 
En 1946 à Berlin, le commandant américain Steve Arnold construit un dossier à charge contre le grand chef d’orchestre Wilhelm Furtwängler. Qui était vraiment cet homme et quelles étaient réellement ses relations avec le régime nazi ? L’aspect strictement historique de la pièce, remarquablement construite par Ronald Harwood, s’efface peu à peu au profit d’une réflexion sur la prééminence de l’art face à la dictature et à l’inhumain.
 

 
La mécanique parfaitement huilée de la pièce amène le spectateur à se faire juge, le fait plonger un peu plus dans le doute au fur et à mesure que les personnages, principaux ou secondaires (le jeune officier américain, juif d’origine allemande, qui assiste le commandant américain, et dont les parents déportés ont péri dans un camp, reste pétri d’admiration pour Fürtwangler, à l’instar de la secrétaire du bureau de dénazification, jeune allemande également emplie de respect pour le célèbre musicien) cherchent à exprimer leur vérité, basée sur des faits et des actes qui, au final, ne laissent aucunes certitudes.
 
Le commandant Arnold, traumatisé par ce qu’il a vu dans les camps d’extermination, qui se targue d’être inculte et se fiche éperdument de musique, instruit à charge. Quitte à  monter un dossier contre un innocent. Mais Furtwängler l’est-il vraiment ? A-t-il fait passer son amour de l’art allemand avant sa conscience, préférant cautionner le régime nazi pour poursuivre son oeuvre ? Pour  couronner le tout, le théâtre Rive Gauche propose de prendre parti, de choisir juste avant de quitter la salle entre le chef d’orchestre et le soldat américain !
 
« A tort et à raison », superbement interprété et mis en scène, rend parfaitement compte de la complexité des choix humains, évitant tout manichéisme. Et révèle l’immense talent de Jean-Pol Dubois, éblouissant dans le rôle du chef Furtwängler. Un très beau moment de théâtre.
 
Julien Klein
 
« A tort et à raison », pièce de Ronald Harwood, traduite par Dominique Hollier et mise en scène par Odile Roire, avec Jean-Pol Dubois, Francis Lombrail, Thomas Cousseau, Odile Roire, Guillaume Bienvenu et Jeanne Cremer.
Du mardi au samedi à 19h, le dimanche à 18h, jusqu’au 27 avril .
Théâtre Rive Gauche, 6, rue de la Gaîté, 75014 Paris.
 
 
La bande-annonce de la pièce
 

A TORT ET A RAISON – Bande annonce HD – Théâtre Rive Gauche à partir du 13 février 2013 from Théâtre Rive Gauche on Vimeo.
 
 

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