In love with Shimon Peres

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Alors que les hommages se multiplient après la disparition de Shimon Peres, dernier des géants d’Israël, artisan de sa puissance militaire et nucléaire, et fervent défenseur d’une solution de paix entre Israéliens et Palestiniens désormais improbable, Jewpop a voulu s’attacher  à une facette de sa personnalité particulièrement touchante. Le couple qu’il forma avec son épouse Sonia, dont il fut éperdument amoureux et avec qui il partagea tous ses combats durant plus de soixante-dix ans.
 
Dans son livre Shimon Peres et l’histoire secrète d’Israël (Odile Jacob, 2008), Michel Bar-Zohar décrit l’homme d’État comme un «incurable romantique» et narre sa rencontre en 1941, alors qu’il est âgé de 18 ans et se nomme encore Shimon Persky, avec celle qui deviendra la femme de sa vie, Sonia Gelman. Nommé par la Haganah commandant adjoint d’un poste de garde dans le village agricole de Ben-Shemen où il fait ses études, le jeune homme aperçoit un matin, après une nuit en faction, une silhouette sortir de la maison toute proche du professeur de menuiserie Yaakov Gelman. Il tombe immédiatement amoureux de cette jeune fille aux «pieds nus, en short et dont la lourde tresse tombait sur les épaules».
 

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Shimon Peres (1er rang sur la gauche), Sonia Gelman (2è rang sur la gauche), Gershon Peres ( 2è rang au centre)

 
Shimon Peres écrira des années plus tard, comme le rapporte Bar-Zohar, avoir été «toute sa vie un homme amoureux». «La femme que j’ai aimée à toutes les étapes de ma vie – et il s’est toujours agi de la même – représentait pour moi la perfection même. J’en tirai la conclusion que je n’étais pas digne d’elle. Si bien que, n’osant pas lui déclarer ma flamme, j’en était réduit à souffrir en secret.» racontera-t-il. Il se décide toutefois, prenant son courage à  deux mains, «après s’être tourné et retourné dans son lit des nuits entières», à adresser la parole à la jeune fille. Sonia lui rend visite alors qu’il monte la garde et cet «incurable romantique», pour la séduire, n’a d’autre idée que lui lire au clair de lune quelques pages du… Capital de Karl Marx ! Ce choix pourtant audacieux n’a pas l’effet escompté, et Shimon décide la nuit suivante de lui lire ses propres poèmes, qui eurent bien plus de succès. Dès lors, ils ne se quittent plus et comme le rapporte une de leurs amies, «leur amour était si intense que je n’ai pas de mots pour le qualifier».
 

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En 1941, Ben Gourion appelle la jeunesse juive de Palestine à s’engager aux côtés des Britanniques dans la lutte contre les nazis. Des milliers de volontaires rejoignent avec enthousiasme les rangs de l’armée anglaise, tandis que beaucoup d’autres préfèrent intégrer la Haganah et son organisation armée, le Palmach. Le père de Shimon, Getzel, déjà enrôlé dans l’armée britannique, se bat dans le désert cyrénaïque puis sur le front grec, tandis que son jeune frère Gershon (surnommé Gigi) rejoint le Palmach. Sonia se porte volontaire, elle aussi, et passera la guerre comme infirmière puis comme chauffeur sous l’uniforme anglais. Comme le rapporte Michel Bar-Zohar, Sonia tenta de convaincre Shimon de s’enrôler également, mais ce dernier, comme le souligne l’auteur, «montra une étrange réticence à devenir soldat». «L’armée et la guerre ne m’intéressaient pas» expliqua-t-il des années plus tard, critiquant sévèrement le caractère des officiers de carrière, ainsi que le note Bar-Zohar.
 

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Sonia Peres passant en revue une unité féminine de Tsahal dans les années 60

 
Dans son ouvrage, Michel Bar-Zohar poursuit : «Par courrier, il félicita Sonia de sa décision et tenta de lui démontrer qu’il devait, lui-même, rester en Palestine afin de mettre en oeuvre le projet pour lequel tu combats.» À l’heure où les dirigeant travaillistes, au plus fort du conflit mondial, appelaient la jeunesse juive à «s’engager», soit dans l’armée britannique, soit pour exploiter la terre de Palestine, Shimon choisit la seconde option, estimant qu’il était aussi important de bâtir un foyer pour les survivants des crimes nazis. Sonia et lui se séparent alors, la jeune femme part pour les fronts lybiens et égyptiens, et Shimon est convaincu que leur histoire appartient désormais au passé.
 

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Au printemps 1945, Sonia est démobilisée et retrouve Shimon au kibboutz Alumot, où selon Bar-Zohar «leur histoire passionnée devint vite le sujet de conversation numéro un de tout le kibboutz». Le couple se marie le 1er mai 1945 à Ben-Shemen, aura trois enfants. Sonia Peres est décédée en 2011, à l’âge de 87 ans. Shimon Peres lui aura survécu 5 ans, décédé à l’âge de 93 ans.
 
Alain Granat
 
 
© photos : Israel National Archives / DR
Article publié le 28 septembre 2016. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2016 Jewpop
 
 

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