"Mythologies" de Pauline Horowitz et "Pork and Milk" de Valérie Mréjen

5 minutes de lecture

 
Dans le cadre du « Rendez-vous des docs », le MK2 quai de Loire et Documentaire sur grand écran organisent lundi 26 mai à 20h30 une projection de Mythologies, 9 courts métrages de Pauline Horowitz, suivi de Pork and Milk, un film de Valérie Mréjen, lauréate 2014 du Prix Bernheim (catégorie Arts) de la Fondation du judaïsme français. La séance sera suivie d’une rencontre avec les cinéastes.
 
Sous la forme de propositions brèves, au ton enjoué, malicieux, voire caustique, affichant une neutralité documentaire sans apprêt, les films de Pauline Horovitz instruisent des épisodes familiaux ou personnels curieux ou divers modes de comportement en société. Si l’observation de sa propre famille constitue le motif privilégié de ses films, la loi sociale en est le fil conducteur. Comment échapper à la norme ? Comment contourner une règle ? Quelle est la nature de la relation entre une loi et sa transgression ? (…) ses films explorent les rituels de la vie quotidienne, le savoir-vivre et les interdits, les goûts et les phobies au gré de listes et d’inventaires. Présentation pour l’exposition “L’instinct de conservation” de Pauline Horovitz (avril/mai 2010 Galerie Eponyme).
 

Pork and milk – Extrait Vost FR par _Caprice_
 
À propos de Pork and Milk, de Valérie Mréjen.
On ne cesse en ce moment de parler du « retour au religieux », d’expliquer comment des individus que rien n’y prédisposait deviennent subitement intégristes. Valérie Mréjen a choisi le parti pris résolument inverse. Elle est allée en Israël pour rencontrer ceux qui, élevés dans l’orthodoxie la plus sévère, ont décidé un jour de rompre avec le fanatisme religieux, ceux dont on dit en hébreu qu’ils ont choisi « d’aller vers la question ». Ils parlent face caméra. Ils ont cet air un peu tendu du suspect ou de l’analysant. Nul flic ni psy pourtant en face d’eux, juste l’écrivain et plasticienne Valérie Mréjen, discrète mais qui sait ce qu’elle veut. Elle recueille les témoignages d’Israéliens qui ont rompu avec la religion ultraorthodoxe et ses multiples interdits (notamment alimentaires). Rupture violente qui implique un saut vers ce grand inconnu qu’est le monde laïc. Comment plonge-t-on dans le fanatisme religieux, en Israël ou ailleurs ? La question est souvent débattue. La mutine Valérie Mréjen, qui ne fait rien comme tout le monde, a pris, elle, le problème à l’envers : comment certains en sortent. Autant positiver… Un jeune homme devenu chef cuisinier dit comment il s’est enfui de chez ses parents à 15 ans, un autre pourquoi ses enfants ne veulent plus le voir. Pas de parcours édifiants et complets, plutôt des récits lacunaires d’où surgissent des détails. Une femme décrit la caresse nouvelle du vent sur ses cheveux, un autre évoque son sex-appeal en rollers. Il y a les blasphèmes – regarder un arc-en-ciel – et les tabous levés la trouille au ventre. C’est parfois terrible, mais en creux. Imperceptible, la peur plane toujours, celle d’un châtiment, d’une punition. Douleur compliquée que celle de ces exilés hagards, rescapés courageux frappés d’infamie. Aucun, du reste, ne semble totalement libéré, et Valérie Mréjen s’attache presque autant à ce qui est tu qu’à ce qui est dit. On savait son goût pour les dessous mystérieux de la langue, on le retrouve dans ce documentaire réservé, sorte d’antidote précieux au déferlement d’aveux spectaculaires.
Jacques Morice – Télérama (29 mars 2006)
 
Tarif : 7,90€
M° Jaurès, renseignements : 08 92 69 84 84

Laisser un commentaire

Your email address will not be published.

S'abonner à la jewsletter

Jewpop a besoin de vous !

Les mendiants de l'humour

#FaisPasTonJuif