De quoi le mot valise est-il le nom ?

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« Et les chaussette rouges et jaunes à petits pois »

(François Corbier, le nez de Dorothée)

Ce mardi, tout va mal. Je joue au citron ou à l’orange, pressé que je suis entre mes impératifs de boulot (il faut bien vivre, et les juillettistes m’ont laissé tout leur travail à terminer avec le 1er août pour deadline), mon article à écrire pour Jewpop sur le roman d’une américaine dont je n’arrive même pas à achever le premier chapitre, mon envie d’aller enfin voir « Holy Motors » de Leos Carax (c’est un bon film d’après mon journal préféré, je vais donc somptueusement m’y ennuyer : mes insomnies le remercient par avance), et l’obligation de finir ma valise pour mon très prochain départ à Naples.

« Voir Naples et mourir » disent certains vieux italiens… Je risque surtout de mourir avant de voir Naples si je ne réussis pas à boucler cette fichue valise. Les petites amies, vous savez ce que c’est…

Mais ce mardi, tout va mal. Il reste un creux dans mon bagage, et j’hésite entre choisir une valise plus petite mais retirer quelques affaires (des chaussettes ? Discutable : tongs et chaussettes, pas glam pour un sou, donc…), refaire entièrement la disposition de mes vêtements, mais je risque la dépression, ou trouver un bidule quelconque pour caler l’ensemble.

Flemmard tenant à ma santé mentale, je me mets donc en quête du butoir pour portant idéal : un quadrilatère épais mais flexible. Je vous passe les détails de ma recherche, mes expériences avec la boîte à bijoux de ma nièce m’ayant valu quelques reproches de mon frère, vous les raconter ne serait que du temps perdu. Je vais utiliser un livre, mes bibliothèques en sont pleines…

 
 

 
 

« Chroniques d’un jeune homme ordinaire » de Jérémie Kopaniak aux éditions Kirographaires ? Une centaine de pages croustillantes sur la séduction par un trentenaire de notre temps : moderne, enlevé, du léger au doux-amer, idéal ensuite pour la plage. Se déguste comme une grappe de raisin : grain par grain, tout en désinvolture.

 
 

 
 

« Le club des policiers yiddish » de Michael Chabon (c’est l’un des scénaristes de Spiderman 2 : « Peter, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités… » Inoubliable !), 500 pages jubilatoires dans un monde où la terre promise des Juifs est… L’Alaska. Les inventions de langue avec l’évolution rêvée de l’argot yiddish valent à elles seules la lecture.

 
 

 
 

« Le mendiant de Jérusalem » d’Elie Wiesel, pour ceux que le roman précédent a fait tiquer et me promettent déjà le châtiment de Sodome et Gomorrhe. 198 pages d’espoir, de rêve hassidique à l’époque de la Guerre des Six Jours. J’ai beau l’avoir lu et relu, les 30 dernières pages me font pleurer comme une madeleine. Joli souvenir.

 
 

 
 

« Récit d’un branleur » de Samuel Benchetrit. 173 pages drôles, intelligentes de mon touche-à-tout surdoué. Je suis vraiment fan. Lisez-le, vous souffrirez d’incontinence.

 
 

 
 

Touche-à-tout, car il a aussi interprété dans un téléfilm l’année passée le fameux Pierre Goldman, auteur du mémorable « Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France », ou comment être un vrai mensch en 312 pages. Outre le banditisme et l’aventure gauchiste révolutionnaire (il était dans la guérilla au Venezuela pendant mai 68, excusez du peu), il nous décrit son procès qui avait défrayé la chronique : sa verve n’est jamais prisonnière.

 
 

 
 

« Le sanatorium au croque-mort » de Bruno Schulz. C’est LA perle pour caler mes vêtements. Texte méconnu, voire underground, enfin, mon underground à moi, ses 245 pages vont montreront ce qu’est la beauté littéraire. Pour des soirées suaves sous les étoiles, en souvenir d’un auteur que « l’Histoire » a broyé entre nuit et brouillard.

 
 

 
 

« Le chat du rabbin » de Joann Sfar en version intégrale. Je retirerais volontiers à ses 288 pages le dernier album, question de goût.  Parfait pour satisfaire ma passion des chats et rire de mes nombreux travers. Drôle, pertinent, grave, le butoir rêvé.

 

Et vous, vous me conseilleriez quoi ? (réponse souhaitée avant le 30 août, merci). En attendant, des bises et plus encore, bien à vous.

 

Jonathan Aleksandrowicz.

PS : Quelques références à Marcel Proust se sont glissées dans cet article, saurez-vous les retrouver ? Pour le/la gagnant(e), un mot de son choix à placer dans mon article de rentrée sur le roman de la fameuse américaine.

 

NDLR : Retrouvez d’autres chroniques de livres et textes de Jonathan Aleksandrowicz sur son blog

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