Il est mort le soleil

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Semaine derrière, échouée sur mon canapé telle le Costa Concordia près de l’île de Giglio, la télécommande à la main, je découvre que… quoi… « Sous le soleil », série-phare de mes années ados et post-ados revient ! Enfin presque.
 
Au bout de 4 minutes, toujours pas de Gregory, pas l’ombre du crâne de Louis, encore moins le bout de la guitare de Samuel. Putain mais zont viré tous mes coreligionnaires de la série ! Scandale ! Purge ! Faut saisir la Halde et le CSA. Sous couvert de laïcité, font vraiment n’importe quoi ! On va aller en justice. Vous avez aimé le feuilleton politico-judiciaire BabyLoup ? Vous allez adorer celui de « Sous le soleil ». Et eux, en matière de série, croyez-moi ils en connaissent un rayon.
 
« Sous le soleil », pour celles et ceux qui faisaient shabbat ou étaient en prison à l’époque (non je n’ai pas dit que c’était pareil), c’était le samedi en fin de journée sur TF1. Mallaury Nataf, Roméo Sarfati, Gregory Fitoussi, Avy Marciano. À un moment donné, y avait tellement de feujs qu’ils pouvaient faire minyan. Il était même question d’ouvrir une synagogue place des Lys et de créer au sein même de la clinique du docteur Mondino un service « Circoncision pour adultes ».
 
Et puis, au-delà de ça, « Sous le soleil », c’était une série dans la droite ligne de l’esprit des pionniers de 1948. Si si. La plage, sorte de kibboutz, accueillait toutes les bonnes volontés. Il n’était jamais question de salaires, ni de RTT. Un collectivisme qui était aussi de mise en matière sentimentale et sexuelle, puisqu’au gré des saisons, on s’échangeait les partenaires et les villas avec une simplicité déconcertante, qui n’est pas sans évoquer la vie amoureuse trépidante des personnages des séries d’Azoulay et Berda, Aaron Spielling français aux petits pieds.
 
Autre indice de l’idéal sioniste que véhiculait la série, la foi en l’homme et en ses capacités à dompter la nature. Je sais que beaucoup ont tiqué en voyant Laure devenir chef de clinique à 26 ans, et Caroline passer de serveuse à avocate via chanteuse en seulement 4 épisodes. Mais bon, les pionniers ont bien  réussi à creuser des puits dans le désert. « Sous le soleil » sans ces acteurs juifs qui ont fait son succès, c’est inimaginable. Bon ok, les acteurs en question sont sûrement passés à autre chose. Gregory Fitoussi tourne pour le cinéma et cartonne dans « Engrenages ». Pour lui, revenir dans « Sous le soleil », ce serait comme si Nicolas Sarkozy se présentait à une cantonale partielle. Faut pas déconner.
 
Avy Marciano, muté pas très loin, fait les beaux jours de la place du Mistral. Une reconversion bien méritée après être mort 4 fois à Saint-Tropez et être revenu des années plus tard sous les traits d’un citoyen grec du nom de… Callas. Oui, pour les scénaristes de la série, si t’es grec tu t’appelles Callas, Onassis ou Aliagas. Dans « Plus belle la vie », Avy Marciano est d’origine arménienne. Mine de rien, Grèce, Arménie, plus ça va, plus il se rapproche de la Terre sainte. Après Salonique et la Seine-Saint-Denis, c’est donc officiel, il n’y a plus de juifs dans cette série. En voyant ces nouveaux épisodes de « Sous le soleil », je me suis dit que Nicoletta avait raison, « Il est mort le soleil » et avec, une partie de ma jeunesse.
 
À toi qui te lamentes sur la médiocrité de cette chronique, façon « la veille de l’ouverture du 13ème Festival du cinéma israélien de Paris, elle aurait pu faire mieux ! », je répondrai : « dans cinéma israélien, ce que préfèrent les juifs de France c’est israélien ». Les mêmes qui rigolent devant « La Vérité si je mens » hurlent au scandale  en regardant le dernier Amos Gitai. En attendant, cette petite sauterie bon enfant ravira les journalistes de Télérama et les nervis du boycott contre Israël. Pas pour les mêmes raisons, quoique…
 
The SefWoman
Ma philosophie se situe entre « A Kippour tout le monde pardonne, sauf moi » (Raymond Bettoun) et « Dieu n’existe pas, mais nous sommes son peuple » (Woody Allen)
 

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