Les "Ghostwriters" de la Bible enfin révélés ?

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Des chercheurs de l’Université de Tel-Aviv ont créé des algorithmes permettant de distinguer précisément les différents auteurs de la Bible. Une petite révolution dans le monde de la recherche linguistique, qui ouvre de nouvelles perspectives pour l’étude des textes religieux.
 
Selon les traditions juives et chrétiennes, Moïse est considéré comme l’auteur de la Torah. Le fait que de multiples auteurs aient contribué à la rédaction des textes bibliques est avéré, mais le nombre et leur identité restait un mystère. Il est désormais en passe d’être résolu, du moins pour la question du nombre de rédacteurs, grâce aux travaux réalisés par le Professeur Nachum Dershowitz, de la Blavatnik School of Computer Science, et de son équipe, constituée de son fils  Idan Dershowitz, spécialiste des études bibliques à l’Université hébraïque, du Professeur Moshe Koppel et d’un étudiant en doctorat d’informatique, Navot Akiva, de l’université de Bar-Ilan.
 

 
Ces scientifiques ont développé un algorithme capable d’identifier les différentes sources ayant contribué à l’écriture des livres bibliques. Le Professeur Dershowitz explique que cet algorithme permet de reconnaître les signes linguistiques tels que le choix d’un mot précis, afin de répartir les différents textes entre leurs probables auteurs.
 
En se concentrant exclusivement sur le style rédactionnel, l’équipe du Professeur Dershowitz a réussi à dépasser les multiples obstacles méthodologiques qui freinaient les recherches en matière d’études bibliques traditionnelles. Ces problèmes concernaient en particulier le manque d’objectivité scientifique des analyses de contenus bibliques, dû aux multiples formes littéraires et genres présents dans la Bible, de la poésie aux narrations, en passant par les lois et autres paraboles.
 

 
Selon le Professeur Dershowitz,  le logiciel recherche et compare des détails que ne peut détecter l’étude « humaine », tels que la fréquence de l’usage de mots-outils et de synonymes. Si de tels détails ont peu d’incidence sur le sens du texte en lui-même, ils sont fondamentaux pour identifier le style unique d’un auteur. Cela peut être aussi anodin que la préférence, d’un auteur à l’autre, pour le mot « dit » au lieu de « parla ».
 
Pour valider leur méthode, les chercheurs ont mixé au hasard des passages entiers des livres de Jérémie et d’Ezéchiel, puis demandé au logiciel de les regrouper selon leur source originelle. En recherchant et en classant les différents chapitres en fonction des synonymes utilisés, puis en étudiant la fréquence d’usage des noms communs, le logiciel a pu recouper les passages originaux avec un taux de réussite de 99%.
 

 
Si l’algorithme utilisé n’est pas encore suffisament élaboré pour livrer aux chercheurs le nombre exact d’auteurs impliqués dans la rédaction de la Bible, le Professeur Dershowitz souligne qu’il peut aider à identifier les points de transition d’un auteur à l’autre, éclairant ainsi le débat sur les divers auteurs de la Torah.
 
Ce nouveau champ d’exploration, dénommé « humanités numériques », ouvre des perspectives très excitantes pour les chercheurs. S’il existe bien des logiciels d’analyse de documents permettant d’identifier des textes plagiés, tels que ceux utilisés désormais par de nombreuses universités pour déceler les thèses et travaux recopiés, la Bible « représente un nouveau défi », selon le Professeur Dershowitz, car il n’existe aucun texte auquel la comparer. « Si notre logiciel permet de découvrir des subtilités jusqu’ici jamais remarquées par les chercheurs et érudits de la Torah, cela ajoutera une nouvelle dimension à leurs études », affirme le Professeur Dershowitz, concluant « Ce sera gratifiant pour eux, et pour nous ! ».
 
L’algorithme « Torah » pourrait également révéler au monde des informations sur certaines énigmes littéraires, telles que l’origine de pamphlets ou traités dont l’Histoire a conservé l’anonymat des auteurs, peut-être célèbres. Mais découvrir l’identité des « nègres » de Moïse reste encore un autre défi scientifique et historique.
 
Alain Granat, adapté et traduit de l’anglais d’après un article publié sur le site de l’AFTAU (American Friends of Tel-Aviv University)
© photos : DR

Article publié le 13 ocobre 2011. Tous droits de reproduction et de représentation réservés © 2015 Jewpop 

2 Comments

  1. Un progrès, certainement. Sauf qu’un même texte peut très bien avoir plusieurs auteurs, si l’on en croit les variantes trouvées dans les grottes de la mer morte… et qu’il est un peut gênant de se dire que le dernier lecteur de la Bible sera une machine!

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