Obama 1 – mon rabbin… 0

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C’est comme ça. J’ai toujours préféré mettre des pichenettes dans les oreilles de Benjamin Bensoussan, mon voisin à la syna, plutôt que d’écouter religieusement mon rabbin m’expliquer la signification de Pessah. Je ne suis pas le seul. Dans la salle de prière, il est clair que notre officiant local souffre d’un déficit d’écoute. Le phénomène est inquiétant, la tendance lourde : plus personne n’écoute Rabbi. Il a pourtant tout essayé, Rabbi : la prière façon stand up, la menace de courroux divin, l’utilisation du langage djeun’z. Ses tentatives étaient vaines ; les échecs cuisants…
 
Rabbi est au bout du rouleau, il flirte avec la dépression. Hier, il m’a téléphoné : « Mon mojo m’a quitté, David. Le buisson ardent ne brule plus ! Aide-moi… »
« Ok, rdv chez moi dans une heure ! »
Trente minutes plus tard, le religieux toquait à la porte. Il faisait grise mine, je le voyais dans le judas. Rabbi semblait virer gothique, il était tout de noir vêtu… Si ce n’est pas un signe !
Rabbi s’est installé dans le salon, il a mangé toutes les olives apéritives. J’ai sorti mon rétroprojecteur et lui ai fait une présentation Powerpoint façon conseil de guerre. Je lui ai expliqué qu’il ferait bien de s’inspirer de Barack Obama, le Président américain, car quand il parle de Pessah, tout le monde l’écoute.
 

 
Pour vous lecteurs de Jewpop, voici la liste bonus de ce qu’Obama possède et que Rabbi n’a pas (encore !) :
Obama est beau-gosse. Mon rabbin porte des crocs et cette ridicule kippa tricotée se terminant en chapeau pointu.
A la différence d’Obama qui déclare sa flamme à Michelle en 140 signes, Rabbi ne tweet pas. Il excelle par contre dans l’art du « monologue sur boîte vocale » en commandant à sa femme msouki, pkeila et autres boules au miel à l’approche de Shabbat.
Mon rabbin aussi est issu du métissage : son père vient de la Goulette, sa mère de Sousse.
Obama dit « Hag Sameah » avec un accent qui en jette. Celui de Rabbi me tape sur le système.
Quand Rabbi me parle de Torah, ça n’a rien du monde féérique de Disneyland Paris.
Rabbi n’est pas hawaïen.
Il ne chante pas le blues avec Mick Jagger.
Rabbi ne fait pas la une de Rolling Stone Magazine.
Personne ne s’émeut vraiment de l’apparition de Rabbi à la Tebah, alors qu’à la convention démocrate de Denver 2008, ils étaient 100 000 personnes en larmes lorsqu’Obama est apparu sur scène.
Obama est basketteur. Mon rabbin, lui aussi est sportif mais d’un autre genre : à l’heure de la quête, il aime les jeux de racket.
Obama écoute plein de trucs cool dans son Ipod (son Spotify faisant foi ) tandis que Rabbi, croyant être in, nous inflige toute la discographie de « The Mamas and the Rabbis » en boucle à chacune des soirées communautaires…
Pour les élections au Consistoire, mon rabbin n’a pas obtenu les soutiens de Will Smith, George Clooney, Robert De Niro, Ben Affleck, Halle Berry et Scarlett Johansson. Par contre il pourra toujours compter sur celui de Shlomo, animateur de « Midi Bomboloni » sur la radio juive du coin.
2 millions de personnes s’étaient réunies pour l’investiture de Barack à Washington D.C. Pour la nomination de Rabbi, il y avait à peine minyan…
 
Laurent David Samama

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