Catherine Lara, on n'est pas des sauvages, tout de même !

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L’industrie du disque va mal, ce n’est pas un scoop. Mais de temps à autres, certains objets en plastique rond non-identifiés arrivent dans les bacs (avant de finir dans les bennes) et nous réjouissent. On regarde l’objet, on rit. On l’écoute, on s’esclaffe. Le nouvel opus de Catherine Lara,  Au cœur de l’âme Yiddish (Sony Music / Smart), tient toutes ses promesses.
 
« Le label SMART est une division de Sony Music France qui se veut opportuniste et souhaite coller le plus possible au marché actuel de la musique ». J’invente rien, c’est écrit sur le site Internet de la major. Imaginons la réunion des responsables marketing de Smart, tentant frénétiquement de coller au plus près du marché actuel de la musique. « Bon, on fait quoi avec la violoniste, là… Un truc genre André Rieu, ça serait bien non ? On lui fourgue l’orchestre symphonique de Dubrovnik, ils sont pas chers, et en bonus un duo avec La Fouine pour coller le plus possible au marché actuel de la musique ! Ça vous parle, les mecs ? ».
 
C’est alors que Bryan, jeune stagiaire ambitieux collant aussi très fort au marché actuel de la musique, et un peu opportuniste également, eut l’idée de génie. « Le yiddish, c’est trop frais ! » s’exclama-t-il ! « Au Baron, hier soir, ils ont passé un mash-up de Talila vs. Nabila, c’était l’hystérie ! On a tous fini déchirés à la vodka à l’herbe de bison, une tuerie ! ». Devant l’air perplexe du staff marketing de Smart, Bryan se mit alors à se dandiner en agitant les mains en l’air, et en beuglant « Nuit magiiiiqueuuuu, oy oy oy !!! ». Un concept innovant était né. La chanteuse française des années 80 à la sauce gefilte fish. Du lourd, du vrai tchoulent en barres ! On allait en vendre par palettes, avec un pot de kneidlers offert avec la deluxe édition.
 

 
Et puis surtout, avec un titre de compile toute pourrie comme « Au coeur de l’âme  yiddish », vous imaginez le filon… « Catherine Lara chante les plus belles tarentelles napolitaines », « Catherine Lara zouk la », « Prosit à la Fête de la bière avec Catherine Lara », « Les plus belles mélopées hawaïennes au son du violon magique de Catherine Lara »… On tenait une collection entière, quasi inépuisable, une vache laitière de catégorie olympique, une rente à vie, quoi. On allait inonder le marché, les stations-services seraient bientôt en rupture de stock, ce serait enfin le Renouveau de l’industrie du disque.
 
Le hic, c’est que les idées géniales, ça court pas les shtetls. Un concept aussi puissant, les concurrents le pompent immédiatement. Pascal Nègre, renard rusé qui fait régner sa loi sur l’industrie du disque française, a illico passé un savon à ses troupes d’Universal Music. « Bande de connards, les nases de chez Sony sortent Catherine Lara ambiance yiddish, ils vont faire un carton à Noël (!), et vous, pendant ce temps-là, vous n’en branlez pas une ! ». Depuis, c’est toute la fine fleur de la variété française qui s’est convertie au yiddish. Nolwenn a délaissé ses crêpes pour confectionner des kreplech et se fait désormais appeler Noylwein, Sofiane a été aperçu à la bibliothèque Medem plongé dans Le yiddish pour les nuls, tandis que Canardo aurait déclaré « Depuis que j’ai découvert le yiddish, mon flow est plus fluide ! ».
 
Mais je vous vois venir, vous allez me dire « et alors, ce nouvel album de Catherine Lara, finalement, il est comment ? » Vous pensez vraiment que j’allais me cogner un album entier de Catherine Lara pour le chroniquer. Intitulé qui plus est « Au coeur de l’âme yiddish ». Vous déconnez, j’espère ?
 
Sharon Boutboul
 
Ecoutez un extrait de « Nuit magique »
 

 
 
En vente à partir du 26 novembre chez Finkelstein rue des Rosiers et dans toutes les bonnes stations-services.

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